Boîtes à livres - boîtes à images (2021).
Les boîtes à livres occupent une place discrète dans le paysage urbain mais donnent une lecture nouvelle du territoire.
Peu éclairées, elles deviennent la nuit venue autant de boîtes noires, d'îles mystérieuses contenant mille-et-une promesses. On pourrait entrevoir une analogie entre la boîte à livres et la chambre de l'appareil photographique. Petites fabriques à images, elles agissent toutes deux comme des appels d'air pour l'imaginaire, des invitations à la rêverie.
Objets recyclés et provisoires, les livres attendent patiemment de nouvelles mains, une nouvelle vie. Du roman d'amour au dictionnaire d'anglais, du livre d'enfant au manuel de cuisine, ces objets aux sujets les plus divers semblent refléter une époque révolue où l’ère du numérique n'avait pas encore sévi.
Le photographe part à la découverte de ces petites cabanes publiques, modestes, écocitoyennes et démocratiques, plantées au coin d'une place ou d'un jardin public. Les ouvrir, c'est l'occasion d'improviser un nouvel agencement, d'imaginer une autre vitrine et d'exposer les livres choisis pour la photographie qui prend son temps: la lumière parcourt dans l'obscurité les titres (technique dite «Light-painting») comme le ferait le regard d'un curieux, passant en revue les ouvrages disponibles.
Cette nouvelle présentation des livres offre une lecture singulière sur les étagères, rapprochant des titres variés, sélectionnés en l'occasion pour leurs couvertures illustrées. Des séquences d'images apparaissent, improbables et hautes en couleur. Révélées par la lumière, les jaquettes brillent, jouent les vedettes et prennent des airs d'affiches de films. Le portait d'un quartier se dégage en creux de ces montages éphémères, tels les fragments d'un film réalisé par les habitants de la place d'un village.
Le photographe attend la nuit, s'approprie les objets et les espaces, arrange de petites installations et «met en boîte»: les boîtes à lire s'animent soudain comme autant de théâtres miniatures d'ombres et de lumière. Les photographies, composées en diptyques, s'ouvrent aux dialogues entre le proche et le lointain, la surface et la profondeur, le dedans et le dehors. Entre l'appareil photo et ce qu'il fixe, on aimerait croire à une seule boîte à lumière: imaginer, entre voir et lire, une boîte à malices au fort pouvoir d'évasion où les mots et les images se mêlent à la lumière.
Projet d''exposition pour la ville de Pessac. 9 diptyques. 9 x 2 tirages (taille unité: 40 x 50 cm).